Retranscription de l’interview du Dr Marie Jourdan sur Europe1
Mélanie Gomez :notre invitée, c’est vous Dr Marie Jourdan, vous êtes dermatologue et membre de la société française de dermatologie. Alors, on parle de la cellulite aujourd’hui avec vous, et à présent, on va passer aux moyens, aux techniques médicales qui permettent de s’en débarrasser. Avant ça, j’ai quand même une petite question : quand on dit « cellulite », on parle de graisse, on l’a compris, donc je me dis que si on utilise la liposuccion, qui sert aspirer la graisse, finalement ça règle le problème définitivement, non ?
Marie Jourdan : alors, c’est une très bonne question mais en réalité, la liposuccion va enlever une quantité de graisse, donc elle va jouer sur la silhouette, sur le volume, mais pas sur l’organisation du tissu graisseux lui-même. Donc, finalement, on peut être déçu si c’était vraiment l’aspect gondolé contre lequel on voulait lutter… c’est pas ça qu’il faut faire. Mais le chirurgien le sait parfaitement, et il l’expliquera. Il faut juste comprendre que cette liposuccion va diminuer le volume, mais vous garderez l’aspect gondolé, capitonné…
MG : on enlève pas toute la graisse, évidemment. Donc, si elle est comme ça par nature, effectivement, c’est plus compliqué. Alors, il y a une technique qui est moins invasive que la liposuccion, mais quand même un peu invasive, entre guillemets, puisqu’il faut une anesthésie locale. C’est une aiguille qui casse le font des trous de la cellulite. Comment ça s’appelle ? C’est quoi exactement ?
MJ : c’est le cellfina. Alors ça, c’est une… effectivement, toujours dans la graisse, on peut aller tout simplement casser directement les cloisons qui entourent les lobules graisseux. En fait, on fait l’examen clinique de la patiente, on entoure les trous qu’elle veut enlever, ça c’est vraiment le traitement des trous, puisque le trou est lié à cette
attache profonde, à une cloison profonde qui tire dessus. Et du coup, avec une aiguille on va aspirer, et avec l’aiguille, casser cette fibre qui va remonter la peau.
MG : on fait ça sur toutes les zones ?
MJ : donc ça, ça peut être très intéressant, mais c’est une indication assez particulière : c’est la patiente jeune, où il n’ y a pas de relâchement de peau du tout. Et ce sont ces patientes, qui veulent, quand elles serrent les fesses en fait, qu’on voit pas du tout de trous, pouvoir mettre des shorts ou des jupes assez courtes, et c’est vraiment la bonne indication.
MG : d’accord. Jimmy…
JIMMY : donc c’est plutôt sur les fesses et sur les cuisses ?
MJ : les fesses et le haut des cuisses.
J : et on fait ça en combien de séances ?
MJ : une séance.
J : une séance et du coup, elles viennent, elles font la séance, et elles repartent travailler… Parce que quand vous décrivez le truc, c’est un peu impressionnant quand même…
MJ : en fait, contrairement à ce qu’on pense, elles peuvent tout à fait s’asseoir après, il n’y a pas tant de bleus que ça. C’est pas du tout comme une liposuccion, c’est beaucoup plus légèr.
J : et c’est définitif le résultat ?
MJ : effectivement c’est définitif
J : ah ouais… Niquel… Donc ça va avoir un certain coût en plus…
MJ : Alors après, ça coûte plus de 3000 euros. Mais, il faut comprendre qu’après, la patiente peut avoir d’autres capitons, dans les 5 ans, ou au moment de la ménopause, mais ce sera de manière différente avec un relâchement cutané. Mais si, par exemple, une patiente jeune, même, 30 ans, a vraiment une dizaine de trous très visibles, c’est définitif. On peut les enlever…
MG : alors… anesthésie locale… Mais ça paraît quand même très efficace… Bon, même si on l’a compris, ça a un coût. Une seule séance, et c’est réglé. Alors, toutes les patientes ne peuvent pas bénéficier forcément de ça. Il y a une autre technique technique. On va dire « technique 2 ». Il y en a 3, on a dit, principales, qui marchent bien, qui utilisent la radiofréquence contre la cellulite. Expliquez-nous de quoi s’agit…
MJ : oui, alors ça, c’est une technique assez ancienne. On connaît ça depuis très longtemps en dermatologie. On utilise un courant électrique qu’on fait, en gros hein, qu’on fait passer dans la peau. L’idée, en fait, c’est d’aller chauffer très fort la peau pour la re-tendre sans la brûler. Donc, sur le plan physique, on sait le faire depuis très longtemps. Maintenant, le développement et le progrès, a fait qu’on a sorti des radiofréquences très performantes, qui vont quand même beaucoup plus profond, qui peuvent même atteindre l’espace de la graisse et du coup, re-tendre, et faire fondre un petit peu le gras. Mais ça reste un traitement superficiel, dont l’efficacité sera surtout sur le relâchement de la peau. Donc, on aura un aspect nettement amélioré…
MG : c’est pas la même indication de personnes en tout cas là…
MJ : oui c’est pas tout à fait pareil. Mais, aujourd’hui les radiofréquences, il y en a qui sont très performantes et qui peuvent vraiment diminuer un peu le gras et tendre la peau.
J : et sur quelles zones du corps c’est le plus efficace ? Là où l’on a les meilleurs résultats ?
MJ : la radiofréquence a de très bons résultats au niveau du ventre quand on veut retendre la peau. Mais effectivement, au niveau des cuisses, pour pour retendre er diminuer l’aspect gondolé, ça marche bien aussi. Il faut en revanche, plusieurs séances. Il faut… ça dépend des machines, mais on est entre 4 et 6 séances. Il faut les espacer d’une dizaine de jours. Et on a des résultats qui sont parfois un petit peu retardés…
MG : ah oui… on sort pas et on a plus de cellulite tout de suite, quoi…
MJ : exactement. C’est à dire que les premiers effets que vous allez avoir, c’est une rétraction du collagène. Il va y avoir du nouveau collagène qui est créé. Donc, on a vraiment un épaississement, une meilleure qualité de peau, qui va se retendre et on peut avoir ensuite, un effet sur la graisse sous-cutanée.
MG : d’accord. Et ça, il faut donc 4 à 6 séances… Ca coûte combien la séance ?
MJ : ça dépend des machines. Ça dépend de la surface qu’on va traiter. On peut être entre 200 et 500 euros la séance.
J : dernières techniques : la troisième. Celle qui permet de traiter de façon plus profonde. Vous pouvez nous expliquer ce que c’est ?
MJ : alors effectivement, il y a un outil qui est un peu plus récent, depuis à peu près un an. En fait, l’idée, ça a été comment chauffer, mais encore plus profond. Donc, on a vu que ces radiofréquences avait bénéficié d’avancées technologiques. Elles peuvent être associés à des ultrasons qui font vibrer les cellules, et du coup la radio-fréquence va descendre plus bas, jusqu’ à la graisse. Mais on a aussi trouvé cette énergie particulière dans le spectre des micro-ondes. Cette énergie micro-ondes, elle, va directement aller beaucoup plus profond. Elle peut aller jusqu’à 1,5 cm de profondeur, et toucher des tissus graisseux plus importants. Donc, même une patiente qui a plus de graisse au niveau des fesses, des cuisses, et vraiment un aspect cellulitique, on va avoir le double effet. On chauffe très fort la graisse jusqu’à détruire des cellules graisseuses.
MG : cette technique, vous avez l’air de l’aimer bien… ça m’a l’air de très bien marcher…
MJ : il se trouve qu’on a de très bons résultats. Après, on va avoir une diffusion de la température à la surface, qui va retendre la peau.
MG : combien de séances, là aussi, et quel coût?
MJ : alors les séances, ça dépend des patientes. Il faudrait quand même prévenir que c’est 3 à 5 séances.
MG : un peu moins que pour moins que pour la radiofréquence ?
MJ : un peu moins, et elles sont très espacées, cette fois. Il faut les espacer de 3 semaines environ, et ensuite vous dites que j’ai l’air très contente, et tout, de cette technique, mais il faut toujours prévenir que dans ce type de médecine, là, on est vraiment sur des techniques à chaud : on a toujours le risque d’avoir 10 à 15% de la patientèle qui ne va pas bien répondre à ces techniques à chaud. Donc, c’est quand même un risque important. Finalement, c’est un risque financier, parce qu’en revanche, ce ne sont pas des techniques qui souffrent de grands risques médicaux.
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